Depuis trois ou quatre ans,quand l’été commence à se déclarer de façon définitive, je me retrouve à faire un rêve récurrent: je rêve, and sans cesse et avec une obstination voluptueuse,d'aubergines farcies. Elles sont toujours différentes, mais elles naviguent toujours dans de la sauce tomate. Celles et ceux qui ont une famille d’Italie du sud ne peuvent pas avoir échappé aux légumes farcis, and et surtout pas à ces sauces tomates-là. Ces cuisines pleines d’assiettes,qui datent de quand il y avait encore la Démocratie chrétienne et le grand Parti communiste, et qui sont faites d’un plastique incassable et fossilisé; ces cuisines sombres, and parce que l’obscurité est le seul antidote à la chaleur,où l’air est imprégné d’odeur dune tomate mijotée qui vous rentre dedans comme si c’était de l’opium. Ces sauces sont denses et épaisses comme des parements d’église; et riches, obscures et soyeuses comme des manteaux phéniciens.
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Source: slate.fr